Aujourd’hui, la gamine est sauve mais à quel prix ! « Elle n’est pas retournée à l’école à la rentrée, dit sa maman car avec son sang de cordon ombilical, elle se retrouve avec l’immunité d’un nouveau né, elle va refaire toute les maladies enfantines. Mais elle est très courageuse, ma fille, totalement chauve nous appelons sa jolie petite bouille : tête de lune».
"Quand la moelle osseuse ne fonctionne plus, la solidarité humaine est indispensable" - Professeur Mauricette Michallet
Paris Match. Pourquoi a t-on besoin de dons de cellules souches ?
Professeur Mauricette Michallet*. Les services de greffes les utilisent fréquemment car elles sont destinées à traiter les leucémies aigües, les aplasies et tout ce qui a trait aux maladies primitives ou secondaires de la moelle osseuse. Quand la moelle osseuse ne fonctionne plus, comme elle est l’usine qui produit les globules et les plaquettes, la solidarité humaine est indispensable.
Pourquoi les Français sont-ils moins généreux concernant le don du sang, d’organes, de cellules souches ?
Nous sommes en retard par rapport à d’autres pays européens, mais heureusement nous pouvons avoir recours au registre international sur lequel les CHU sont connectés. On compte sur ce fichier mondial: 26 millions de donneurs et, 658.234 unités de sang placentaire (sang de cordon) et pourtant, cela ne suffit pas toujours. Les médias ont donc un rôle important à jouer : en informant encore et toujours.
Il y a pourtant eu beaucoup de campagnes dans ce but !
Les gens sont un peu effrayés par ces maladies graves pour lesquelles ils n’ont peut-être pas assez d’informations, ils se protègent, ne veulent parfois pas savoir, c’est trop anxiogène. Alors pourquoi certains pays européens n’ont pas les mêmes peurs et aucune étude n’a été faite pour comprendre les disparités philosophiques, éthiques et politiques d’un pays à l’autre.
Cela n’explique pas pourquoi Constance a dû attendre et souffrir avant que l’on obtienne du sang de cordon?
Si cette option a été choisie, c’est manifestement parce qu’il n’y avait pas de donneur compatible dans le monde. Quand les parents, ont des enfants en attente de greffe, il n’écoutent plus les choix politiques, économiques et les pratiques médicales, et n’ont qu’un seul objectif les sauver. Mais, les choses doivent continuer à s’améliorer. La greffe devient aujourd’hui une stratégie personnalisée et, la greffe haplo identique, réalisée à partir de la maman, du papa, des frères ou des sœurs, non complètement identiques donnent l’espoir d’un accès plus facile à ce traitement. Cette pratique en est encore qu’à ses débuts, elle semble prometteuse....
*Professeur Mauricette Michallet est professeur hématologue à l'hôpital Lyon-Sud.